Marion Charlet, Impressions, Galerie Virginie Louvet Paris [EN DIRECT DES EXPOSITIONS]

Marion Charlet, Impressions, Galerie Virginie Louvet Paris [EN DIRECT DES EXPOSITIONS]

Les peintures de Marion Charlet, depuis sa sélection à la résidence à Chamalot et son exposition à la Galerie Virginie Louvet en 2015, ont profondément évolué. En lieu et place de paysages ou d’édifices rationnels et très détaillés, l’artiste élabore désormais des intérieurs artificiels créant de véritables micro-environnements utopiques.

Je pars d’éléments réels d’architecture, mais qui sont en même temps fantasmés, aussi hallucinants que surréalistes, sur le même principe que le home kit, ces modules d’habitations prêtes à l’achat correspondant à un rêve du futur propriétaire. Un rêve pour le coup un peu étrange…

Elle leur donne, par des couleurs chaudes et éclatantes qui indéniablement attirent le regard et exercent sur le visiteur une véritable attraction, une dimension paradisiaque. Marion Charlet nous convie à entrer de plain-pied dans des mondes à notre échelle, dans lesquels on se sent immédiatement à l’aise, en confiance même, que l’on peut embrasser d’un seul regard. Par leur dimension d’environ deux mètres de longueur ou largeur, ces « peintures fenêtres » s’ouvrent par « un rapport d’échelle » littéralement à nous.

L’artiste use pour cela des codes picturaux qui, depuis la Renaissance, opèrent par une perspective qui, plutôt qu’être fonctionnelle et destinée, donne l’illusion d’une alcôve dans lequel le corps peut s’inscrire en son centre. À cela s’ajoutent des vues plongeantes sur des espaces dont la parfaite lisibilité laisse présupposer une déambulation déjà définie : motifs géométriques des carrelages, maillage métallique des rampes d’escalier, découpage des encadrements de fenêtres.

J’ai voulu être plus rigoureuse sur les motifs et leur traitement, dans la construction de l’architecture avec notamment cette plongée.

Rien ne vient entraver l’entrée du spectateur dans le tableau, ni amenuiser avec des éléments parasites, sa « séduction ». Le piège fonctionne à merveille. Le sujet est trop accueillant et trop confortable et finalement peut-être un peu trop mis en scène. Marion Charlet a cette volonté « d’intégrer le spectateur » dans le tableau allant jusqu’à pousser la comparaison, avec la présence de végétaux et d’eau, à une sorte de « vivarium ». Le motif de la vitre est d’ailleurs aussi omniprésent, laissant communiquer entre eux, les éléments, les rappels de couleurs et les ornements des compositions.

Cette personne qui disait que « je fais rêver les gens sur un piège qui ne peut absolument pas exister » a tout compris de ce que j’ai voulu exprimer. Certains indices montrent en effet que les scènes sont « déréalisées : absence d’ombres, de sources de lumière, de plinthes au bas des murs, qui marquent une absence d’épaisseur.

Marion Charlet nous livre « un souvenir d’abord personnel qui est de toute façon transposé en fantasme très intemporel. » Car ce sont bien des lieux qui sont à l’origine de ses créations, ce sont eux  « qui doivent provoquer des sensations ». Des sensations qu’elle module par des effets de peinture,  en jouant sur la dimension des espaces, en ajoutant ou en réduisant la profondeur. Toutes ces architectures proviennent de visions, d’une intériorité donc, donnant l’impression d’entrer ou de sortir de différents espaces dont on ne peut en fait réellement s’échapper. Une vision d’un monde imaginaire enchanté qui peut tout autant se transformer en refuge qu’en prison. Par provocation, l’artiste dit composer ces lieux clos « sans doute parce que j’ai dû être enfermée dans des pièces très longtemps. »

Texte Point contemporain © 2017

Infos pratiques

Impressions,
Exposition personnelle de Marion Charlet
Du 09 septembre au 31 octobre 2017

Galerie Virginie Louvet
48, rue Chapon
75003 Paris

virginielouvet.com


Marion Charlet
Née en 1982, à Paris.
Vit et travaille à Paris.

Représentée par la Galerie Virginie Louvet Paris.

marioncharlet.com

 

Visuel de présentation : Marion Charlet, Bedtime, (détail) 2017, aquarelle sur papier, 75 x 54 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet.

 

Marion Charlet, Inner Space III, 2017, acrylique sur toile, 146 x 114 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet
Marion Charlet, Inner Space III, 2017, acrylique sur toile, 146 x 114 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet

 

Marion Charlet, Pacha, 2017, acrylique sur toile, 146 x 114 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet
Marion Charlet, Pacha, 2017, acrylique sur toile, 146 x 114 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet

 

Marion Charlet, Inner Space IV, 2017, acrylique sur toile, 35 x 24 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet
Marion Charlet, Inner Space IV, 2017, acrylique sur toile, 35 x 24 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet

 

Marion Charlet, Inner Space V, 2017, acrylique sur toile, 146 x 114 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet
Marion Charlet, Inner Space V, 2017, acrylique sur toile, 146 x 114 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet

 

Marion Charlet, Lost, 2017, aquarelle sur papier, 75 x 57 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet
Marion Charlet, Lost, 2017, aquarelle sur papier, 75 x 57 cm. Courtesy Galerie Virginie Louvet