NAHIA GREGOIRE
CHRONIQUE D’ATELIER / PAR NAHIA GREGOIRE
DANS LE CADRE DU COURS « PAIN COURONNÉ » DE JEAN-PIERRE CASTEX, ANNÉE 2023-2024, ISDAT TOULOUSE
Discours du fou en hommage au roi
Ma bouche, sacrée bouche.
Que dire à part l’émerveillement que procure les deux membres opposés d’une interface commune. Ce n’est pas faute d’en avoir qu’une, me voilà doté de deux. Deux lèvres qui viennent tisser des mots d’une sagesse impure. Elles laissent passer de ses filets, des dires exquis mais indomptables. Les mots les plus durs, pour le bonheur des malingres, restent figés à l’intérieur. À l’intérieur d’une tête enchainée que la bouche regarde avec dépit. Parfois, ce qui en sort peut se munir d’une fausse intelligence et si nécessaire, combattre avec une hargne chronophage pour cacher une sensibilité naïve et pleine d’espérance. L’espérance d’une certaine reconnaissance ou d’une compréhension insatiable, dans laquelle utopie joue avec neurasthénie. Cette ambivalence se perd dans cette même tête en titillant l’aspect antipodal de chaque situation. Cette ambivalence se perd dans ces mêmes mots en résonnant sur les murs d’une clinique psychiatrique. À en croire même que contradiction va de soi, au millimètre près, à chacune des pensées de l’être soi-disant « censé ». Même le débat interne le plus primaire devient source d’ambiguïté : voilà l’humain bien avancé ! La bouche n’a alors plus de sujet que celui qu’il convient de penser et ne laisse échapper qu’un point de vue déjà bafoué par celui qui daignera l’écouter. Tant de paroles dites avec sûreté par l’érudit boiteux qui trotte dans mon céphal(o). Car celui qui se comprend, ne peut se tromper, alors ce dernier nous définira les termes : ludique, affèterie et miséricorde.
Et quelle bouche… Une bouche sacrée, certes ! Mais surtout, rendant digne le discours d’un roi.