BECAUSE THE NIGHT

BECAUSE THE NIGHT

EN DIRECT / Exposition Because The Night réunissant Charles Hascoët, (la) Horde, Sergei Rostropovich , Anna Solal, Wolfgang Tillmans jusqu’au 09 octobre 2021 à New Galerie Paris

En France – comme dans de nombreux pays – les lieux abritant la fête ont été fermés depuis plus d’un an. la nuit elle-même a été interdite par des couvre-feux successifs. l’exposition Because The Night gravite autour des mondes de la nuit et de la fête. Si l’on fait son chemin et si l’on se perd dans la nuit, en épuisant les possibilités qui s’offrent sa soi, on ne cesse de croiser les trajectoires chorégraphiées socialement des autres. et c’est encore avec eux que l’on voit arriver le petit matin.

Fondé en 2013, le collectif (la)Horde réunit trois artistes : Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel. (la)Horde crée des pièces chorégraphiques, des films, des installations vidéo et des performances dont le sujet principal est le corps en mouvement et les pratiques sociales qui le meuvent. (la)Horde collabore avec des communautés d’individus en marge de la culture majoritaire : septuagénaires, non-voyants, fumeurs, adolescents, festivaliers.
Le film Cultes est constitué de la captation d’un festival : les Eurockéennes de Belfort. Services de restauration, stands de tatouages : la caméra met en évidence leur caractère d’industrie culturelle. Comment des individus peuvent tenter de créer une expérience subversive au sein de la masse qu’ils constituent justement eux-mêmes ?
Trois performeuses pratiquent au sein du public des chorégraphies festivalières (slam, mosh pit, cercle, wall of death) ; elles sont à la fois participants et éléments déclencheurs. Le film s’apparente à un seul hors-champ : on ne voit jamais les groupes jouer sur scène.

Les tableaux de Charles Hascoët sont tous au format d’une pochette de disque vinyle 33 tours et figurent des DJ endormis. Thomas Franzmann, Lakuti, Laetitia Katapult, Ricardo Villalobos, ou Cabanne ; ils font partie de la scène berlinoise dite « minimale ». Cette scène a acquis une forte reconnaissance internationale entre 2000 et 2010 ; si elle a été le terrain de réalisations artistiques et d’une culture du clubbing, elle a également créé une industrie. L’essayiste Tobias Rapp crée le terme d’ « Easyjetset » pour décrire l’afflux d’un public festif international dans les clubs d’une ville qu’on vient voir « de nuit ».
Charles Hascoët a eu une pratique de DJ a la même période et connait les acteurs de cette scène. Tous les DJs sont habillés, comme s’ils s’étaient brusquement assoupis. On discerne ça et là un casque audio ou une paire de lunettes caractéristique du personnage. les tableaux reflètent ce qui se dégage encore de ces personnages après 18 mois d’inactivité, dans un sommeil qu’habituellement ils bannissent pour des salles entières à coups de décibels, jusqu’à l’heure d’une possible after. Aucun de ces DJs n’est plus jeune, ils sont les figures reconnues d’une scène établie, et c’est peut-être la fatigue d’une époque que l’on ressent.

Sergei rostropovitch est un vidéaste dont la pratique englobe le cinéma expérimental et les clips musicaux. when The lights Go Out est une vidéo en 3 écrans construite autour d’images du Yanshui Beehive Fireworks Festival. Ce festival à Taiwan tire son origine d’une épidémie de choléra qui a frappé la ville de Yanshui en 1885. Pour l’exorciser, les habitants tirèrent des feux d’artifices dans les rues, en portant des palanquins du dieu Guand Din. Depuis, tous les ans, l’événement attire un large public : des milliers de pétards et de feu d’artifice sont tirés au milieu d’une foule portant casques et bottes pour se protéger. A l’image, les participants sautent rythmiquement pour faire tomber les brandons de leurs vêtements. On hésite entre la fête extatique, une guérilla urbaine d’un genre nouveau ou un tourisme du désastre festif. Le passage presque stroboscopique d’un écran à l’autre, un montage accentuant les éclats et l’effet d’anonymat produit par les casques viennent encore déréaliser la scène. Une série de photos de tournage montre les effets des projectiles sur les protections des acteurs ; ceux-ci offrent l’apparence lunaire de survivants à la violence codifiée d’un rite collectif de passage.

End of winter (a) fait partie d’une série de photographies prises par Wolfgang Tillmans dans son studio. L’élément central de l’oeuvre est une photographie reconnaissable de l’artiste, un gradient gris délicat présenté sur une cimaise. Tout autour, les éléments marqueurs d’un lendemain de fête improvisée ponctuent la photographie : des bouteilles de bières, des mégots et des sacs plastiques jonchent le sol et une caisse de transport, une petite boule à facettes pend du plafond à côté d’une lampe de chantier placée là pour l’éclairer. Faisant pendant à la première, une deuxième cimaise est au sol. Quelqu’un l’aura renversée. L’aura d’une ambiance trash, presque convenue, habite le studio de l’artiste international, célèbre pour ses photos de la scène nocturne. La photo du gradient gris, dans sa pureté abstraite, est un rappel de la recherche par l’artiste du contrepoint obsédant de l’instant de grâce.

Une inscription stylisée, quasi en cartouche, court le long des bords du dessin d’Anna Solal : « Aux pieds de l’Etna de coton, une patte endormie peinte. Une ombre s’abreuve ». Des bouteilles de perfusion et leurs fils redoublent le texte. Au centre est figuré un personnage androgyne, dont le visage n’est pas dessiné. Il porte un short et une chemise qui lui tombe sur la taille, son torse est hérissé de perfusions médicales. Des formes molles, en volutes et rappelant le dessin surréaliste entourent le personnage d’une atmosphère rêveuse et viennent se casser sur des structures cristallines rappelant des seringues. Il y a dans le travail d’anna Solal une ambiguïté permanente entre l’idée d’une rémission et la vision onirique d’un paradis artificiel institutionnel, des rêves ésotériques que l’on fait, dans un état second, dans un hôpital la nuit. Deux des tuyaux de perfusion semblent se diriger vers les oreilles du personnage, comme l’ébauche d’un casque de walkman.

LA(HORDE) - CULTES 2019 HD video, 15 mins 31 secs, dance mat, laughing gas cartridge Ed 6 + 2AP
LA(HORDE) – CULTES 2019 HD video, 15 mins 31 secs, dance mat, laughing gas cartridge Ed 6 + 2AP
LA(HORDE) - CULTES (DETAIL) 2019 HD video, 15 mins 31 secs, dance mat, laughing gas cartridge Ed 6 + 2AP -
LA(HORDE) – CULTES (DETAIL) 2019 HD video, 15 mins 31 secs, dance mat, laughing gas cartridge Ed 6 + 2AP –
LA(HORDE) - CULTES (STILL) 2019 HD video, 15 mins 31 secs, dance mat, laughing gas cartridge Ed 6 + 2AP -
LA(HORDE) – CULTES (STILL) 2019 HD video, 15 mins 31 secs, dance mat, laughing gas cartridge Ed 6 + 2AP –
Vue d'exposition BECAUSE THE NIGHT 2021
Vue d’exposition BECAUSE THE NIGHT 2021
CHARLES HASCOËT - APHEX TWIN (SLEEPING) 2021 Oil on canvas 30 x 30 cm CHARLES HASCOËT - APHEX TWIN (SLEEPING) 2021 Oil on canvas 30 x 30 cm
CHARLES HASCOËT – APHEX TWIN (SLEEPING) 2021 Oil on canvas 30 x 30 cm
SERGEI ROSTROPOVITCH - WHEN THE LIGHTS GO OUT 2021 3 channels HD video, 7 mins 02 secs Ed 6 + 2AP
SERGEI ROSTROPOVITCH – WHEN THE LIGHTS GO OUT 2021 3 channels HD video, 7 mins 02 secs Ed 6 + 2AP
SERGEI ROSTROPOVICH - UNTITLED #1 (WHEN THE LIGHTS GO OUT) 2021 Digital print on baryta paper 30 x 40 cm - 5 + 2AP
SERGEI ROSTROPOVICH – UNTITLED #1 (WHEN THE LIGHTS GO OUT) 2021 Digital print on baryta paper 30 x 40 cm – 5 + 2AP
Vue d'exposition BECAUSE THE NIGHT 2021
Vue d’exposition BECAUSE THE NIGHT 2021
WOLFGANG TILLMANS - END OF WINTER (A) 2005 Glossy Chromogenic Color Print 30,5 x 40,6 cm
WOLFGANG TILLMANS – END OF WINTER (A) 2005 Glossy Chromogenic Color Print 30,5 x 40,6 cm
Vue d'exposition BECAUSE THE NIGHT 2021
Vue d’exposition BECAUSE THE NIGHT 2021
ANNA SOLAL - PAS 2021 Coloured pencil and collage on paper 70 x 100 cm
ANNA SOLAL – PAS 2021 Coloured pencil and collage on paper 70 x 100 cm