[FOCUS] Timothée Talard, Monochrome

[FOCUS] Timothée Talard, Monochrome

Focus sur la série d’oeuvres Monochrome de l’artiste peintre Timothée Talard.

Oeuvre : série Monochrome, 2014, peinture sur toile présentée lors de l’exposition Chance is a sword void of sense, nothing can exist without a cause, du 31 août au 18 octobre 2014, galerie Gourvennec Ogor, 7 rue Duverger 13002 Marseille (France).

Artiste : Timothée Talard, né en 1983. Vit et travaille à Marseille, France. Timothée Talard est représenté par la galerie Gourvennec Ogor, Marseille.

Peindre un monochrome témoigne d’une forme de radicalité. Qu’il soit l’expression d’une composition chimique (Art & Langage), du rapport sensible au monde (Bertrand Lavier), de la matérialité de la couleur (Yves Klein) ou d’un travail sur l’espace (Ellsworth Kelly), le monochrome marque un engagement fort de la part de l’artiste qui le produit. Il appartient à une tradition complexe et peut être l’expression de points de vue ou d’intentions radicalement opposés. Les monochromes de Timothée Talard impliquent un engagement du spectateur. Ils témoignent de plusieurs axes de recherche sur le rapport à la perception, à l’influence de la science par la composition de l’œuvre mais aussi à sa spatialité, et par là-même sur notre regard porté sur le monde.

Propos de l’artiste recueillis le 30 août 2015 :

« La série Monochrome est un travail que je mène depuis maintenant un an. Je l’ai présentée pour la première fois à Marseille à la galerie Gourvennec Ogor. Elle nécessite que le spectateur tourne autour des œuvres qui dès lors révèlent leur particularité qui est d’apparaître polychromes.

La toile devient un objet antinomique par nature car au lieu d’être en 2D et de proposer une image fixe telle que le fait une peinture accrochée dans un intérieur, elle nécessite un déplacement du spectateur et crée ainsi son propre espace en 3D.

Au point de vue technique, je travaille avec des pigments qui sont formés de bouts de métal dont la taille est de l’ordre du micron. Chacun d’eux est taillé en facettes comportant toutes une couleur différente. Grâce à des produits chimiques, les pigments cristallisent lors de leur application sur la toile et s’ordonnent tous de la même manière. Ainsi on obtient sur ensemble de la surface une même couleur : la face marron sera à droite, la face du dessus sera verte, etc. La lumière n’a elle que peu d’incidence sur l’aspect des toiles.

Ce travail sur les monochromes est la poursuite d’un travail amorcé depuis quelques années sur l’effet d’arc-en-ciel que produit l’essence tombée sur le sol dans les stations services. Cette série s’appelle « Arc-en-ciel dans la nuit ». Elle regroupe des peintures d’hydrocarbure toutes noires qui, sous la lumière du soleil, laissent apparaitre un arc-en-ciel. Il y a un double jeu avec ce côté onirique de la figure de l’arc-en-ciel et cette matière polluante qui est en train de détruire la planète.

Les séries Monochromes et Arc-en Ciel, par le fait que les oeuvres se transforment, que les déplacements des spectateurs influent sur leur perception, relèvent toutes deux d’un jeu de l’optique et posent la question du point de vue.

Il y a cette idée que si deux personnes regardent le tableau d’un angle différent, l’une voit le tableau vert, l’autre marron. Chacun d’entre-nous voit le monde à travers ses yeux. Et même si notre vision est radicalement opposée, cela exprime le fait que chacun peut rester figé sur celle-ci.

Je continue en ce moment de développer la série Monochrome avec pour l’instant de nouvelles œuvres en redéfinissant une nouvelle picturalité. Je sors de l’aplat, du all-over et du monochrome pour introduire une gestuelle de peintre. Ces nouvelles œuvres ont la particularité de vibrer de la même manière que les monochromes. »

Pour en savoir plus :
timotheetalard.com

galeriego.com

Publication : Timothée Talard, monographie, Editions Gourvennec Ogor, 2014

Timothée Talard, Monochrome
Timothée Talard, Monochrome
Timothée Talard, Monochrome
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