Matthieu Blanchard, Apoptose, galerie Samy Abraham

Matthieu Blanchard, Apoptose, galerie Samy Abraham

En direct de l’exposition Apoptose de l’artiste plasticien Matthieu Blanchard.

Exposition : Apoptose, exposition personnelle du 10 septembre au 17 octobre 2015, galerie Samy Abraham, 43 rue Ramponeau, 75020 Paris.

Artiste : Matthieu Blanchard né en 1983, vit et travaille à Paris.

C’est dans son « atelier-cave » que Matthieu Blanchard a commencé ses expérimentations picturales. Un atelier qui peut être comparé à un laboratoire où la peinture acrylique est traitée à la manière d’un composé chimique capable de réaction et de transformation. Le titre de sa précédente exposition personnelle(1) exprimait bien cette interférence entre les conditions matérielles de production et la composition des toiles (espace exigu et humidité de l’atelier) mais aussi ce rendu esthétique lié au vieillissement de la matière, au suintement et à l’oxydation. En intervenant directement sur les propriétés de la matière picturale qu’il peut épaissir ou fluidifier, Matthieu Blanchard compose des sédimentations qui donnent à ses oeuvres une dimension géologique.

Matthieu Blanchard, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele
Matthieu Blanchard, Vidu, 2015
Wood, acrylic paint and resin, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele

Par l’installation d’une souche de bois suspendue, datant de plusieurs milliers d’années, que l’artiste a récupérée d’un ponton aux Églises de Chelles et qui garde les traces de son immersion dans l’eau, Matthieu Blanchard nous donne à voir la transformation avec le temps de toute vie organique. Ces marques dont l’origine est naturelle sont essentielles à la production des oeuvres et sont caractéristiques des méthodes de travail de l’artiste.

« Le travail de la surface est très long, il y a des nombreuses superpositions de couches picturales appliquées de manière variée et non systématique. L’effet texturé qui en résulte et l’abstraction de ces toiles absorbe le regard. Les toiles sont à aborder en considérant leur profondeur, leur épaisseur. » Sibylle de Laurens

Au fil de ses expositions, Matthieu Blanchard arrive à restituer les effets de la corrosion quand la mousse investit les anfractuosités de la roche ou quand le vert-de-gris couvre les surfaces. La peinture est traitée comme matière organique qui vit et se corrompt.

Matthieu Blanchard, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele
Matthieu Blanchard, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele

Le titre de l’exposition Apoptose fait référence à la mort cellulaire programmée, à cette faculté qu’ont les cellules de s’autodétruire à un moment de leur développement comme par exemple chez le foetus pour participer à la formation des doigts. Cette notion de programmation, Matthieu Blanchard l’étudie à la façon d’un relevé scientifique :

« Il a fait sécher sur du papier photo des gouttes de peinture puis il en a fait des diapositives. Les images projetées ressemblent à des boites de pétri où se seraient développées des cellules. » Sibylle de Laurens

Cette étude sur la goutte de peinture se retrouve transposée dans une recherche sur Photoshop et plus précisément sur une des fonctionnalités du logiciel qui est d’agrandir et d’intensifier les pixels blancs. L’artiste y a identifié un bug interne : à un moment où l’image est sensée devenir homogène le pixel explose et se déploie sur tout l’écran à la manière d’une cellule programmée à s’autodétruire.

« Matthieu Blanchard a d’une certaine manière décodé l’ADN du pixel image. Pour lui, la dimension vitale de cette destruction est importante. » Sibylle de Laurens

Vidéo, diapositives, prélèvements, les interventions plastiques de Matthieu Blanchard s’apparentent à des gestes scientifiques. Il fait de la peinture une matière vivante qui a ses propres caractéristiques de séchage, de miscibilité et vieillissement. Le peintre peut tour à tour neutraliser ou en exacerber les réactions, programmer l’évolution des états de la matière. Il reste toutefois une part de surprise, celle de l’accident dans l’expérimentation qui est générateur d’une nouvelle plasticité.

(1) Bas de cave, du 13 janvier au 18 février 2012, galerie Samy Abraham

Matthieu Blanchard, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele
Matthieu Blanchard, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele

 

Matthieu Blanchard, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele
Matthieu Blanchard, Exposition Apoptose, galerie Samy Abraham © Rebecca Fanuele

 

Remerciements à Sibylle de Laurens pour son accueil à la galerie et sa présentation de l’exposition.

Pour en savoir plus :
samyabraham.com