TRISTAN FEMINIER, POUR UNE ANTHROPOCÈNE PITTORESQUE

TRISTAN FEMINIER, POUR UNE ANTHROPOCÈNE PITTORESQUE

CHRONIQUE D’ATELIER / POUR UNE ANTHROPOCÈNE PITTORESQUE
PAR TRISTAN FEMINIER

DANS LE CADRE DU COURS « DÉPLACEMENT » DE JEAN-PIERRE CASTEX ET PATRICK MELLET, ANNÉE 2021-2022, ISDAT TOULOUSE

Un tracteur, dans un garage, n’est qu’un objet technique ; quand il est au labour, et s’incline dans le sillon pendant que la terre se verse , il peut être perçu comme beau. Tout objet technique, mobile ou fixe, peut avoir son épiphanie esthétique, dans la mesure où il prolonge le monde et s’insère en lui.
Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, p255

La réactualisation de nos paysages dans le domaine pictural passe par l’acceptation de l’impact de l’Homme sur celui-ci. L’ère dans laquelle nous évoluons porte désormais un autre nom, une étiquette plus précise, qui pointe du doigt le rapport que l’homme entretient avec la nature ; et sa nature.

La ligne d’horizon est désormais obstruée, plus seulement par des arbres et des battisses en bois ; c’est de gigantesques parallélépipèdes rectangles en béton qui prennent place devant montagnes et nuages. Il paraît important de réutiliser la peinture de paysage pour montrer ses changements.
Même la campagne n’a pu échapper à l’industrialisation de ses espaces ; du poteau électrique à l’éolienne, nos agriculteur/ices et leur vaches ne sont plus seul/es dans le décor.

Tristan feminier, Pour une Anthropocène pittoresque, 2021

Il ne s’agit pas ici de discuter sur ce rapport et ses conséquences, en tout cas pas de manière directe et péjorative, mais plutôt de le mettre en scène d’un point de vue anthropologique.

D’être ce randonneur/euse qui photographierait les paysages qu’il a rencontré sur son chemin

Le phare au bord du récif dominant la mer est beau, parce qu’il est inséré en un point-clef du monde géographique et humain
Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, p255

Tristan feminier, Pour une Anthropocène pitto- resque, 2020, 15x21,5cm photographie de bilan

Il faut prendre du recul sur la situation de nos paysages bétonisés pour peut être y trouver un intérêt de représentation. Un intérêt qui servirait de point de départ pour une réflexion sur la technique et la création de volume picturaux.

Les points-clefs (ou lieux remarquables) où les constructions humaines s’imposent sont au centre de mon travail sur des volumes en béton, coulés au préalable, témoignant d’une recherche autour de la surface du support et de la façon d’inscrire une peinture dessus. Le paysage devient matière, reste lointain, mais lié au spectateur par ce support connu et les éléments techniques visibles.

Pourrait-on parler d’esthétisme de nos campagnes dévastées par la fibre et les agencements de câbles aériens, pour fournir du réseau à tous-tes ? D’esthétisme de nos villes où les ombres des batiments nous cachent le trottoir ?

Tristan feminier, Pour une Anthropocène pittoresque, 2021, photographie de Toulouse, quartier Bagatelle
Tristan feminier, Pour une Anthropocène pittoresque, 2021, photographie de Toulouse, quartier Bagatelle