CATHY JOSEFOWITZ, THE THINKING BODY

CATHY JOSEFOWITZ, THE THINKING BODY

Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS

EN DIRECT / Exposition rétrospective et itinérante consacrée à l’œuvre de Cathy Josefowitz (1956-2014), Centre culturel suisse, Paris

Pleased to meet you

par Clare Mary Puyfoulhoux

Enfant-référent. Ce que l’on se dit, on fait le tour. Elle est morte et le ventre regardant se crispe totalement, se retourne, voyant tout ce qui est présenté dans la rétrospective évidemment méritée, évidemment salutaire, nourricière, vibrante, de l’œuvre accomplie par celle qui a été. Cathy Josefowitz dans un poste s’agite, saute, figure son corps dans l’espace face à un public hilare, ponctue de bruits l’histoire qui s’écrit. Ses cuisses et son slip, d’enfant, si touchants dans les stries de l’écran, son âge. Woodstockautrefois, damals, once upon a time. Les rires, les bruits, les gestes, le rythme, un corps. Un corps dit, et on le comprend absolument, la norme, la femme, les âges, l’œil, le rythme, le dire, la distance, la fille, le garçon, le monsieur, le comique, la télé, le présent, le passé, raconter encore pour témoigner, quand le soleil s’est enfin couché, penser et dire, être intelligent, le neutre, habiter. Dans l’écran recommence ce qui a une fois été, la fois pour filmer. Ailleurs sur les murs du Centre Culturel Suisse, et dans d’autres écrans, Cathy Josefowitz s’agite. Paris la reçoit enfin. Les traits de l’enfant, la très évidente lignée de Bacon, de Matisse, de Charlot, de Schiele. Des couleurs d’un côté, pour l’œil gourmand, qui caressent, ravissent. Des sujets. Un traitement. Une bonne dose de mélancolie. 

Ça résonne partout l’intensité seule face à l’amour de l’autre, l’envie de lécher, mâcher, toucher contre celle de se taire, solitaire. Les années soixante-dix, la France et le théâtre, l’Angleterre et la danse, les Etats-Unis. Cathy avait des dispositions, un environnement. Le corps commence pour elle en espace. Cathy produit des images, crayonne, prend l’huile et des toiles géantes, fait de l’aquarelle, danse. Cathy détaille, figure des corps abîmes gouffres agissants tordus, hurlants, affamés. C’est son sexe à elle qui palpite et c’est le bombé du visage de l’autre qu’elle doit tordre pour qu’il habite la triste planéité du canevas. Cathy explose de violence avec ses pastels. Cathy se démembre avec ses feutres. Cathy réveille les chairs dans ses carnets, en collage, en mots, en figures centrées sur la rencontre d’organes sexuels, sur la découverte du tout sexuel, sur le plaisir absolu du papier équivalent à celui du trait à celui de la peau à celui des intensités vives d’un bleu, d’un or, du noir, du tout tranché qui s’emmêle, des seuils en parois, du contact.

« The Thinking body » – Cathy Josefowitz on nous dit n’a jamais donné lieu à une telle rétrospective. Cathy on pense s’en fout, est morte, c’est terrible. Cathy en revanche peignait jusqu’au ciel et c’est encore autre chose, ce ciel. Tout aussi autre que les marionnettes ou les espaces énormes coupés en traits. Cathy, sa vie se refuse à rentrer toute entière dans l’espace montré. L’œil n’y arrive pas, n’englobe pas. A moins de se dire qu’il y eut une fin apaisée, que l’être s’était calmé, ce qui, inappropriate, ne peut se penser. Ce qui existe pourtant, et qui relie l’ensemble, est l’omniprésence de la gravité. Poids, densité, profondeur, émotions. Corps traversé par les fables de Shakespeare, corps expérimental manié par les écoles de l’avant-garde, de l’occident, corps qui se meut, qui habite plus qu’il n’occupe l’espace. Corps de l’autre, son élégance, et tout le désir qu’il suscite en moi qui regarde, qui me délecte de la faim partagée par la main agissante. Refuser un corps mesuré, calibré. La main agissante est l’écho d’une révolte profonde mais elle ne détaille pas en froid glacial un déroulé d’arguments. Généreuse, elle offre l’infinie combinaison des envies. La lascive beauté de ce qui se déploie en nous quand l’autre bouge. Les points possibles de rencontre, la lave en fusion. Là est le corps pensant, manifeste ; le corps habité, bien compris dans le geste. Cela qui saute à la gorge, qui prend gorge, qui emmène, caresse et menace le visiteur, qui redéfinit danse et peinture, figure, à l’aune de temps si brillants que troublés. 

Clare Mary Puyfoulhoux
membre AICA-France
comité de rédaction Possible
rédaction en chef du B!B!
also takes pictures
also shoots pictures
all narratives are good
really

Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
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Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS
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Vues d’exposition Cathy Josefowitz, The Thinking Body, 2021 © Tristan Savoy / CCS