L’ÂGE DE RAISON ?

L’ÂGE DE RAISON ?

EN DIRECT / Exposition L’Âge de Raison ?, exposition inaugurale de la Galerie T&L – Tancrède Hertzog & Léopold Legros, jusqu’au 08 avril 2023, Paris

Artistes : Annabelle Agbo-Godeau, Christian Babou, Maxime Biou, Leonardo Cremonini, Stanley William Hayter, Peter Klasen, Anahita Masoudi, François Malingrëy, Ivan Messac, Giangiacomo Spadari

Un espace permanent pour la galerie

Après sept d’existence sur un modèle nomade, la Galerie T&L pose ses valises dans le Marais, au 61 rue de la Verrerie. Pour cette occasion, la première exposition dans ce nouvel espace, baptisée L’Âge de Raison ?, a été pensée par Tancrède Hertzog et Léopold Legros comme un autoportrait de sept années d’aventures artistiques.

Pour brosser celui-ci, les deux galeristes ont choisi une trentaine d’œuvres parmi celles de dix artistes, dont neuf ont déjà été exposés à la galerie depuis sa création, en 2015.

L’Âge de Raison ?

Reflétant le double ADN de la galerie – redécouverte d’artistes historiques, soutien à la scène actuelle -, l’exposition confronte des œuvres de peintres de différentes époques, du surréalisme jusqu’à la peinture contemporaine, avec pour moments majeurs la peinture des années 1960-1970 et la figuration actuelle.

De la Composition surréaliste (1934) de S. W. Hayter, l’ami de Miró et Calder qui fut le maître de Pollock, aux dessins métaphores d’emprisonnement de Anahita Masoudi exécutés pendant les soulèvements en Iran cette année, près quatre vingt-dix années séparent l’oeuvre la plus ancienne de l’exposition de la plus récente.

La peinture pop des années 1960-1970 constitue le dernier grand mouvement pictural figuratif européen avant le regain d’intérêt actuel : les artistes de cette époque – Cremonini, Messac, Babou, Klasen et Spadari – ont aussi bien dépeint dans leurs tableaux la libération sexuelle, les combats politiques que les changements sociaux des Trente glorieuses.

Les Écrans du soleil (1967), monumental diptyque de trois mètres de Leonardo Cremonini ouvre le bal : ce tableau est à la fois pop par ses couleurs, surréaliste par certains de ses éléments et métaphysique par son ambiance générale. Dans la dernière salle, clou de l’exposition, le polyptyque en sept parties d’Ivan Messac, Les Chieurs (1972), est une oeuvre de plus de cinq mètres de long promise à un musée national et presque jamais exposée avant aujourd’hui.

Un grand tableau de l’Italien Giangiacomo Spadari, peint la même année que Les Chieurs est montré à ses côtés, en préfiguration de la prochaine exposition de la galerie, consacrée à la scène pop milanaise des années 1960-1970 (Milan-Paris, 14 avril – 20 mai).

Au milieu des oeuvres de ces artistes sont accrochées des oeuvres de représentants de la scène figurative actuelle, avec les Français Maxime Biou, François Malingrëy et Annabelle Agbo- Godeau, dont le bleu électrique rappelle les couleurs vives des sixties, et l’Iranienne Anahita Masoudi.

Les Chieurs d’Ivan Messac : une oeuvre majeure du Pop art à la française

Peint en 1972, alors qu’Ivan Messac est âgé de 24 ans, ce polyptyque composé de sept tableaux constitue une réflexion sur l’utilisation idéologique de la couleur. À chaque fois, la même image légère des enfants sur le pot est répétée mais avec une couleur dominante différente, dans une logique sérielle inspirée de l’affiche et de la photo, qui n’est pas sans rappeler Andy Warhol. Une image secondaire, elle à chaque fois différente, vient connoter le sens de chacun des tableaux, en fonction de la couleur dominante. C’est une réflexion sur les codes inconsciemment associés par notre culture moderne à certaines couleurs. Le rouge, par exemple, étant lié aux révolutions, ce sont des enfants maoïstes que l’artiste dépeint comme image dans l’image du premier tableau de la série.

Ivan Messac n’a jamais voulu se séparer de cette oeuvre qu’il considérait, à son achèvement, comme sa création majeure. Devant l’insistance d’un collectionneur qui souhaitait l’acquérir, il a décidé de créer une série limitée de sérigraphies reproduisant les sept éléments du polyptyque au format 65 x 50 cm. Imprimée en 1972 par le célèbre imprimeur Eric Seydoux et réunie dans une pochette, cette série est intitulée Les enfants polychromes. Produite à seulement soixante-dix exemplaires, signés et numérotés, elle a même bénéficié d’une exposition dédiée en galerie à Paris, en 1974. L’oeuvre peinte, de plus de cinq mètres de long, est, quant à elle, aujourd’hui promise à un grand musée.

Texte Tancrède Hertzog

Vue de l'exposition L'Âge de raison ? - Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud
Vue de l’exposition L’Âge de raison ? – Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud
Vue de l'exposition L'Âge de raison ? - Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud
Vue de l’exposition L’Âge de raison ? – Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud
Vue de l'exposition L'Âge de raison ? - Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud
Vue de l’exposition L’Âge de raison ? – Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud
Vue de l'exposition L'Âge de raison ? - Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud
Vue de l’exposition L’Âge de raison ? – Galerie T&L, Paris, Photographie Romain Darnaud