Nicolas Vamvouklis, K-Gold Temporary Gallery

Nicolas Vamvouklis, K-Gold Temporary Gallery

ENTRETIEN / Nicolas Vamvouklis fondateur de la K-Gold Temporary Gallery

DANS LE CADRE DE « PERSPECTIVES SUR L’ART CONTEMPORAIN GREC »
PAR MARIA XYPOLOPOULOU

Diplômé en philosophie de l’Université de Crète et en danse de l’Opéra national, Nicolas Vamvouklis qui vit et travaille entre la Grèce et l’Italie, a poursuivi ses études en master des études curatoriales et artistiques à la Nuova Accademia di Belle Arti Milano. Ses projets ont été présentés, entre autres, à la Quadriennale de Prague, à la Triennale de Milan, à la Tate Modern et à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo et en 2015, il participe au programme d’échange NEON travaillant en collaboration avec la Whitechapel Gallery avec lequel il reçoit le Fondazione Francesco Fabbri Contemporary Art Award. Conservateur de la Galerie delle Prigioni (Italie) et de la collection d’art Luciano Benetton, il est aussi membre de l’équipe curatrice de la Biennale de la Méditerranée qui se tiendra en 2020 à Saint-Marin. Des activités qu’il mène en parallèle d’un projet personnel innovant initié en 2014, date où il crée la K-Gold Temporary Gallery avec, comme idée initiale, de lancer le projet original et unique jusqu’à aujourd’hui en Grèce, d’une galerie nomade qui lui permettrait de partager ses projets avec un large public.

A quel moment avez-vous décidé de vous impliquer dans le domaine artistique ?

Après avoir terminé le premier cycle de mes études en philosophie et danse, j’ai travaillé dans le monde du théâtre tout en assistant à plusieurs séminaires et conférences. Mon intérêt pour l’art contemporain a toujours été grandissant et un de ces séminaires a été décisif. J’ai fait le choix de consacrer ma vie, non sans enthousiasme, à l’art contemporain. Dans un premier temps, je me suis consacré sur la partie organisationnelle d’une exposition. Un artiste contemporain travaille différentes pratiques combinant le visuel avec le performatif. Pratiquer le curating, m’a donné l’opportunité de créer des propositions associant différentes tendances, acceptant différents moyens d’expression et rassemblant des artistes venant de tous les champs de la création. Au moment où j’ai commencé à organiser des expositions, je ne connaissais même pas le terme curateur. Cependant, mon parcours personnel, autre que celui de la gestion culturelle, m’a appris à ne pas utiliser des étiquettes pour qualifier la professionnalisation de chacun. Je ne fais pas le choix d’être commissaire d’exposition ou artiste, je suis les deux.

D’où vient le nom K-Gold ?

La première exposition s’est déroulée dans une ancienne bijouterie située dans le quartier de Kalloni de Lesbos appelée Kalloni Gold. À la fin de l’exposition, décidé à poursuivre cette expérience de galerie nomade, en discutant avec les artistes participants, a émergé l’idée de conserver le nom du premier endroit ayant accueilli le projet.

Comment avez-vous décidé d’avoir le siège de la galerie à Lesbos ?

Ma famille a toujours habité l’île de Lesbos et j’y suis moi-même né. Des paramètres qui ont évidemment joué un rôle décisif dans le choix du lieu de rattachement de la galerie. Le bâtiment où a eu lieu l’exposition Always wear your best (2019) appartient à ma famille et elle est la maison de mon enfance. Nous avons pu constater, depuis que nous proposons des projets, une augmentation des déplacements vers l’île à l’occasion de nos vernissages. Artistes et professionnels de l’art des artistes viennent à Lesbos se déplacent pour visiter nos expositions. Depuis le début du projet, nous avons aussi saisi l’enjeu d’ouvrir notre programmation à un public local qui n’avait pas jusqu’alors aucun contact avec l’art contemporain. Nous aurions pu implanter définitivement la gelerie à Lesbos, mais dans cet esprit de montrer de l’art contemporain dans des espaces qui n’était pas destinés à en accueillir, j’ai fait le choix de conserver ce caractèrenomade. Sites en béton, galeries municipales, anciennes résidences ou boutiques, une vitrine, la rue, nous avons depuis le début à travers nos projets artistiques eu cette volonté d’activer des espaces publics et privés peu connus et sans rapport à priori avec l’art. 

Quel intérêt y-t-il à exposer dans des espaces alternatifs ?

Ce qui est intéressant est le lien qu’il est possible de nouer entrel’œuvre d’art et l’histoire de chaque espace. Pour chaque projet j’ai cherché des histoires locales sur des personnes ou des événements qui d’une certaine manière active chaque espace. L’exposition How to fall with grace (2018) s’est tenue dans un ancien club de réunion des hommes instruits de la région Kalloni. Un lieu idéal pour explorer les questions de stratification sociale, de types et de divertissement. Des difficultés existent, bien sûr, comme dans toute exposition qui se déroule hors d’un cadre institutionnel, sans financement car les salles qui ne sont pas préparées pour accueillir des œuvres d’art contemporain. Même si je vis en Italie et que je connais moins la scène artistique grecque, je souhaite collaborer avec des artistes grecs comme avec des artistes étrangers. Je pense qu’il y a une production visuelle importante en Grèce et à Chypre. 

Pouvez »vous nous présenter votre dernière exposition inaugurée en décembre 2019 ?

Ce projet photo fait suite à une exposition en ligne et à la création d’un magazine papier disponible dans notre lieu à Lesbos. Il lance le nouveau cycle d’expositions de la galerie. Je pense continuer à proposer chaque hiver des expositions photographiques. Le projet Always Wear Your Best propose une lecture de la relation que nous pouvons entretenir avec le vêtement, au quotidien mais aussi dans un aspect culturel, des relations entre le monde de l’art et de la mode. Nous exposons les photographies, vidéos et installations de sept artistes grecs (Hypercomf) et internationaux (Jacopo Benassi, Alice Mann, Albert Moya, Shalva Nikvashvili, Johanne Stoffersen). L’exposition prolonge certaines des réflexions engagées avec le projet How to fall with grace présenté pendant l’été dernier sur les thématiques de la célébration, la consommation et l’exagération. On doit le titre du projet Always Wear Your Best à la récente série photographique de l’artiste sud-africaine Alice Mann. Ironiquement et de manière intrigante, ce titre explore des questions sur le bon et le mauvais, le bien et le laid. 

Vue d'installation Always wear your best, 2020 (Albert Moya)
Vue d’installation Always wear your best, 2020 (Albert Moya)
Educational Program with Olga Saliampoukou and Katerina Zagli
Educational Program with Olga Saliampoukou and Katerina Zagli
Ι woke with marble head in my hands, 2019 (Ørjan Amundsen, Virginia Russolo)
Ι woke with marble head in my hands, 2019 (Ørjan Amundsen, Virginia Russolo)
Vue d'installation How to fall with grace, 2018 (Nana Sachini, Alice Mann)
Vue d’installation How to fall with grace, 2018 (Nana Sachini, Alice Mann)
Vue d'installation How to fall with grace, 2018 (Yorgos Maraziotis)
Vue d’installation How to fall with grace, 2018 (Yorgos Maraziotis)
Nicolas Vamvouklis, Photo: Kontos Studio
Nicolas Vamvouklis, Photo: Kontos Studio

Plus d’informations sur K-Gold Temporary Gallery
et Nicolas Vamvouklis sur : https://kgoldtemporarygallery.tumblr.com/