MANON CORRE

MANON CORRE

CHRONIQUE D’ATELIER /
Par Manon Corre

DANS LE CADRE DU COURS « DÉPLACEMENT » DE JEAN-PIERRE CASTEX ET PATRICK MELLET, ANNÉE 2021-2022, ISDAT TOULOUSE

Je ne sais plus depuis combien de temps ce carnet m’accompagne. Je crois qu’on me l’a offert en décembre 2020. Pourtant, pendant longtemps je l’ai laissé vierge. Et puis enfin j’ai affronté la première page. J’ai souvent peur de rater la première page. Elle me paraît impressionnante. Je me dis toujours : elle va définir tout le reste du carnet. C’est une réflexion un peu idiote : heureusement on peut encore changer en cours de route. Je me suis fixée une contrainte, utiliser un seul et même outil tout du long. J’ai choisi pour ce faire des feutres acryliques. Je me suis limité à une gamme de couleurs bien précise pour garder une unité. Le début du carnet est composé de visages de personnes de mon entourage, des mains de professeurs pendant des cours. On y retrouve les éléments principaux qui finiront par composer ce carnet. Au fur et à mesure je n’ai fini que par peindre des corps dans l’intimité amoureuse. Des personnes qui font l’amour dans des couleurs très vives. Assez naturellement ces scènes sont dans mon esprit joyeuses, éclairées, lumineuses. Peut être que ce jaune de la couverture m’a aussi inspiré. Le format a apporté ce caractère de l’intime. Je me suis dit tout de suite : c’est un format qui me plaît. Il est petit, il glisse dans une poche, je peux le transporter partout. Il ne se contient que dans les mains. J’adore les mains, j’en peins et dessine souvent. Elles sont pour moi les plus belles parties du corps. Elles permettent de toucher l’autre. C’est ce que je peins dans ce carnet. Au fur et à mesure, j’ai joué avec le cadre bien défini, et puis plus inconsciemment avec le pli de la reliure j’ai pu composer mes corps. Dans ces intimités il y a des choses qui sortent du champ, que je ne laisse pas voir tout à fait. Aussi, sur certaines pages, les corps (souvent deux) finissent par se mélanger pour faire une seule et même forme. On ne sait plus quelle main appartient à qui, quelle jambe se rattache à tel corps. Je veux les représenter pour ce qu’ils sont en tant que forme. Ici la notion de genre, d’identité ne m’intéresse pas particulièrement. Je veux même les dépasser.

Manon Corre - Chronique d'atelier
Manon Corre – Chronique d’atelier
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