[EN DIRECT] « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris

[EN DIRECT] « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris

L’exposition « Inframince » organisée par la commissaire d’exposition Valentine Busquet dans l’ancienne agence de Robert Mallet-Stevens offre un dialogue subtil non seulement entre les œuvres des 8 artistes mais aussi avec l’architecture moderniste du lieu. Le titre et le propos de la commissaire viennent affirmer cette réflexion. « Inframince » est tout d’abord une référence à Marcel Duchamp qui utilisait ce mot pour évoquer la quête artistique de formes les plus ténues dans une dimension à la fois intellectuelle et sensible.

Le ton est donné dès l’entrée où l’on est accueilli par une photographie « Anamnesis » de Haythem Zakaria. Trois entités, référence au bruit blanc, semblent glisser sur un paysage désertique.  Notre regard est ensuite attiré en contre-bas par l’œuvre de Mathias Isouard qui répond parfaitement à l’espace constitué d’escaliers, de rambardes et de divers volumes. « Hasard pendulaire » a été réalisé in situ. Cette courbe de bois part du plafond pour rejoindre un des murs de l’espace du dessous. Le balancement du pendule, fixé au plafond, vient révéler la partition spatiale en heurtant des formes en bois ou en métal. Les sons créés par notre geste rebondissent, glissent, s’enroulent dans l’espace tout en nous enveloppant.

 

Vue de l'exposition « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris
Vue de l’exposition « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris

La présentation de la série de dessins « Anfâs » de Julien Poidevin est un subtil écho à la verrière de la villa. Cette transcription graphique d’un champ acoustique approfondit les recherches de l’artiste pour rendre la musique encore plus interactive.  Les dessins d’Haythem Zakaria nous accompagnent tout en finesse dans notre déambulation. L’artiste les a réalisés avec un métronome. Le rythme dicte le geste à l’artiste qui vient déposer sur la feuille blanche une trace. Le rythme, le son sont ainsi révélés.  De rythme il en est aussi question avec « Lost in binary translation » de Lukas Truniger. Via cette installation l’artiste rend non seulement visible des ondes qui nous enveloppent constamment mais crée de nouvelles interprétations dans tous les sens du terme. 

 

Vue de l'exposition « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris
Vue de l’exposition « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris

 

Le son produit du visuel et vice versa. « Piet Mondrian Greatest Hits » de Benoît Pype trouve toute sa place dans l’espace à la fois intime et ouvert qu’offre la mezzanine. L’artiste nous donne à entendre des tableaux de Mondrian. Le visiteur est là aussi invité à activer l’œuvre. « Echos » du collectif Scenocosme nous révèle également du son mais il s’agit ici de celui du tronc d’un chêne. Délicate poésie que d’entendre murmurer cet arbre. 
La visite se termine par une plongée dans l’œuvre, « Gamète glass », de Jeanne Briand. La bande son réalisée avec Romain Azzaro découle, entre autres, de souffles de l’artiste dans les gamètes en verre. Celles-ci sont d’ailleurs disposées sur une plaque de mousse enveloppées comme le visiteur par cet opéra.

Tout au long de cette déambulation il nous aura été révélé des sons et des sensations produits non seulement par les œuvres mais aussi par le rapport que notre corps entretient avec elles et le lieu.  
L’architecture permet d’embrasser du regard une dernière fois cette exposition dont la délicatesse, la force et la disposition des œuvres répond parfaitement au lieu et au propos.

Texte Leïla Simon pour Point contemporain © 2017

 

Vue de l'exposition « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris
Vue de l’exposition « INFRAMINCE » à la Fondation Hippocrène Paris

 

Pour en savoir plus sur l’exposition :
[AGENDA] 18.01→05.02 – Inframince – Fondation Hippocrène Paris

Pour en savoir plus sur le lieu :

Pour en savoir plus sur les artistes :