Down to a sunless sea : de l’eau comme fil conducteur, traversant l’espace d’exposition

Down to a sunless sea : de l’eau comme fil conducteur, traversant l’espace d’exposition

EN DIRECT / Exposition Down to a sunless sea Espace Arondit Paris
par Pauline Lisowski

Cette exposition est née de la collaboration de la commissaire d’exposition Ekaterina Shcherbakova avec les artistes Eloïse Le Gallo et Julia Borderie. Depuis 2017, elles mènent un projet à long terme autour de l’eau, qui prend place dans différents territoires et s’élabore au fur et à mesure de rencontres. 

En découvrant la première fois l’espace Arondit, la commissaire a appris qu’une rivière coulerait sous le bâtiment. Cette légende qui s’avère être une contrainte habituelle pour les projets d’exposition l’a guidé pour sa scénographie. L’esprit du lieu parle au travers des œuvres exposées. 

D’autres artistes furent invités à proposer des œuvres qui ouvrent sur les multiples imaginaires qu’incarne cet élément naturel. Ekaterina Shcherbakova les envisageait « comme des « dispositifs », des « hypothèses » qui laissent la place à l’improviste ». Les œuvres constituent un circuit, interagissent ensemble et font allusion aux phénomènes d’infiltration, de sédimentation et d’accumulation. Elles fonctionnent tel un écosystème qui fait remonter à la surface des couches d’histoires et nous invitent à écouter les profondeurs. Elles nous amènent à nous laisser nous porter par les différents sens que convoquent cet élément naturel fluctuant.

Au début du parcours, l’œuvre textuelle de Thomas Geiger met en condition les visiteurs, incités à activer leurs sens pour mieux aborder les œuvres de l’exposition. 

Là où le souffle anime la mer gelée, installation d’Eloïse Le Gallo et Julia Borderie a pris forme suite à de nombreux échanges avec l’archéologue Miguel Biard et le tailleur de pierre Xavier Questiaux. Une colonne traverse les deux niveaux, tel un carottage où seraient remontés à la surface des pierres, calcaire, silex, sable, tel un condensé de la mémoire de l’ancienne mer du bassin parisien.

La pièce Sunlight Control de Philémon Hervet et Victor Prokhorov circule dans l’espace d’exposition. Des fils électriques courent et leur installation génère un processus de watercooling. Elle convoque le virtuel dans sa capacité de produire des images et de faire surgir des interrogations sur le réel.

La proposition de Dimitri Mallet renvoie à un système qui offre un cadre pour les œuvres des autres artistes. Elle évoque un phénomène optique et fait écho aux sensations qu’on peut avoir à l’intérieur d’un lieu.

Nous sommes ensuite appelés vers une aventure vers l’inconnu. La vidéo Sand Quarry, NJ de Théodora Barat montre un personnage qui s’enfonce dans le noir, dans un espace profond, en quête d’un lointain… Ce film invite à descendre à la découverte des œuvres qui font surgir les traces du passé dans ces murs.

Une partie de l’œuvre d’Eloïse Le Gallo et de Julia Borderie fait suite à l’examen énergétique que Sophie Rusniok a réalisé de l’espace. Dans un coin du sous-sol, cette pièce, fragment, crée un lien entre les salles, entre le haut et le bas. 

Des verres d’eau contiennent chacun une pierre d’origine différente. Géraldine Longueville propose aux visiteurs d’imaginer le goût de ces étranges boissons. Goûter le minéral ? Quel bienfait peut ressentir notre corps en les buvant ? Une dernière dégustation est prévue le 8 juin.

Un marchepied nous propose d’accéder à une ouverture pour écouter une pièce sonore. Anna Holveck a mêlé des sons enregistrés dans les bouches d’égout du quartier d’Arondit avec des mélodies chantées et écrites, notations qui répondent à la ventilation du lieu.

Nous sommes ensuite conviés à entrer dans un autre espace-temps avec l’installation in situ Untitled (Espace 6) de Pieter van der Schaaf : le double d’une salle de bain, inutilisable, qui révèle une présence fantomatique.

Les œuvres se poursuivent dans les récits que se feront les visiteurs. Cette exposition nous amène à découvrir les multiples secrets de l’eau. Cet élément est ici sujet pour réenvisager la lecture d’un lieu. Nous sommes amenés à ressentir ses profondeurs. Les limites entre intérieur et extérieur se font poreuses et l’espace se découvre alors couche par couche. Les artistes ont mis en évidence de potentielles énergies, des histoires, des présences.

Visuel de présentation : Down to a sunless sea, Arondit, exhibition view, photo by Salim Santa Lucia

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