LOUISE JANET : PRESENT TENSE

LOUISE JANET : PRESENT TENSE

Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa.

EN DIRECT / Exposition Louise Janet : Present Tense, première exposition personnelle de la peintre et dessinatrice à voir jusqu’au 25 mars à la galerie Mathilde Le Coz, Paris

Louise Janet peint comme elle dessine les petits riens de la vie qui font la richesse de ses personnages. Regarder la télé, faire la sieste, consulter son ordinateur, traîner sur son téléphone, arroser ses plantes, voilà ce qui constitue son annuaire d’images sans évènement, sa poétique de l’ennui, ou pour emprunter ses mots, sa “mythologie de vie minuscule”, son “épopée du banal”. Louise Janet recueille les souvenirs des choses qu’on oublie. Tous ces moments qu’on manque de remarquer et qui filent plus vite que le temps sont soigneusement consignés par la jeune artiste qui ne perd pas une goutte de ces instants de paresse, de complicité, de désoeuvrement, insignifiants d’apparence et qui pourtant, mis bout à bout, constituent le grand tout de la vie familiale. 

Car c’est bien la suite inarrêtable de ces instants qui passent qui préoccupe Louise Janet : ces instants qui se fondent irrémédiablement les uns dans les autres, ces instants qui disparaissent subrepticement au moment même où ils naissent. Pas surprenant alors que la peintre s’intéresse tant au cinéma, à la littérature ou à la bande dessinée : des arts qui conservent l’instant d’avant, toujours prêt à être consulté sur le film déroulé, la case antérieure, la page précédente. L’huile sur toile Cycles (2022) témoigne bien de cette obsession : des photos prises en saccade scandent l’écran d’un ordinateur avec, au premier plan, un bouquet de pinceaux et au fond, un châssis de dos, une toile encore boudeuse attendant sa charge picturale : la photo sélectionnée par la peintre, l’instant choisi.  L’artiste dévoile non seulement son processus de création, mais encore, elle expose une des grandes problématiques de sa technique, soit, comment représenter la vie qui passe sur une surface plane et fixe.  Dans l’épisode intitulé La mort de Jeannot (2022) Louise Janet amorce une réponse : en deux peintures, elle représente la mort de son chat et la découverte de celui-ci par son frère cadet – en deux vignettes, en deux séquences, la narration est construite. 

Si la peintre s’illustre surtout sur des petits formats, par un luxe de détails, c’est qu’ils lui permettent de retrouver la précision et la minutie du dessin. Souvent représentés dans un moment d’absorption totale, Louise Janet nous donne accès à l’intimité de ses personnages – ses proches – qui sans mot dire peuplent ses peintures. La générosité avec laquelle l’artiste déploie ces intérieurs miniatures, par une surenchère de petits objets, de textures et d’items rend visible l’intériorité de ces héros du banal, de ces acteurs sans acte du quotidien. Comme chez Vermeer, le corps n’importe ici pas tant que l’espace qu’il habite, espace débordant de ces objets tantôt colorés, à motifs ou soyeux, qui parasitent le tableau. Ces “prétextes » comme elle les nomme, sont autant d’excuses pour peindre que d’indices. 

Dans Autoportrait avec portrait de L. Freud (2023), le visage de la peintre n’est qu’un détail parmi d’autres – une monographie de Gauguin, une reproduction de Lucian Freud, une plante, des bibelots çà et là en désordre sur la cheminée -, il disparait dissimulé dans un coin du miroir. La figure de l’artiste compterait-elle moins que le répertoire d’images qui l’entoure, que les références visuelles qui la constituent ? Avec ses peintures-inventaires comme Hiéroglyphes (2022), Louise Janet pousse à son paroxysme l’emploi du tableau dans le tableau – une manière directe pour la référence de faire œuvre.

Croqueuse d’instants qu’elle fixe à coups de crayon, collectionneuse d’images qu’elle assemble, Louise Janet peint minutieusement  ces scènes du quotidien qui sont le sel de la vie de tous les jours. Alors que la mise en évènement de soi, toujours plus rapide, glamour et active, à force de filtres, d’images en plastique lustré et de jingles déborde de nos téléphones, Louise Janet nous montre la préciosité de l’oisiveté, la beauté du banal, le sublime tranquille d’être avec les siens.

Vue d'exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d'exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d'exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d'exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d'exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d'exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d'exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa
Vue d’exposition, Louise Janet : Present Tense, Galerie Mathilde Le Coz, Paris – Photo Louise Conesa