LA LUNE EST TOMBÉE AINSI QUE LES PLÉIADES

vue d’exposition LA LUNE EST TOMBÉE AINSI QUE LES PLÉIADES – KARL MARX STUDIO Paris – Photo Romain Darnaud

EN DIRECT / Exposition LA LUNE EST TOMBÉE AINSI QUE LES PLÉIADES
avec Claudio Coltorti, Achraf Touloub, Hector Gorascio, ED NG, Alex Ayed, Ben Elliot
KARL MARX STUDIO Paris

Le soleil est encore haut quand la fatigue atteint le voyageur parti à la rencontre de son destin.
Il regarde autour de lui, Jacob, contemple cette terre qu’il mesure pas après pas.
Il s’allonge à l’ombre d’un arbre, la tête posée sur une pierre. Des gestes anodins, un bâillement, un dernier regard au feuillage qui ondule au-dessus de sa tête.
Il s’endort.
Il doit se croire fou lorsqu’il se rend compte qu’il est réveillé, mais à l’intérieur d’un rêve. Et que Dieu même est là avec lui. Un frisson de terreur lui secoue le dos. Devant lui, s’étend une gigantesque échelle reliant la Terre au Ciel. Une multitude d’anges en
parcourent les échelons dans un sens et dans l’autre, étrange traintrain
métaphysique.
Ce n’est qu’un moment. Jacob se réveille.
Il regarde de nouveau la terre autour de lui, mais son regard n’est plus le même. D’un geste rituel, il fait couler de l’huile sainte sur la pierre où il avait posé sa tête, la pose sur le sol et se dit : voici la maison de Dieu, voici la porte du ciel.

Il fait nuit, dans un appartement silencieux le fils de Jacob ne trouve pas sommeil.
Dehors, quelques fenêtres illuminées et le bruit d’une sirène.
Point d’étoiles ni de lune.
Une peur subtile s’installe. Dans un lit solitaire, le portable comme seul refuge.
Sur le fond d’un son apaisant, une app montre un ciel ordonné, nommé et classifié. Plusieurs options de visualisation s’ouvrent au choix de l’insomniaque: des constellations comme figures mythologiques ou comme lignes géométriques à l’air épuré, le ciel d’ici ou le ciel d’ailleurs, la magnitude des astres, les satellites, les météorites, les comètes.
La Grande Ourse est au-dessus du plafond.
Neowise C/2014 N3, es-tu là pour m’indiquer le chemin ?
Par la poussière d’étoiles que tu portes, sauras-tu me dévoiler le secret de l’univers ?
La tête baissée, il fixe ce point lumineux dans l’écran, multitude de pixels qui projettent un ciel sur lequel il projette ses rêves, et ses cauchemars. Mise en abîme vertigineuse, le Narcisse au fond de son lac ne se voit que lui-même.

Ottavia Paternò