[FOCUS] Marion Catusse, Les enfants perdus

[FOCUS] Marion Catusse, Les enfants perdus

« Mon travail dépend de l’expérimentation, du hasard, des accidents. » Marion Catusse

Fragments d’os, résine, cellules, coquillages : à première vue, le travail de Marion Catusse semble davantage entrer en résonance avec le domaine scientifique qu’avec celui de l’art. Pourtant c’est à partir du vivant, de son étude et de sa réinterprétation que l’artiste choisit de construire son univers plastique. 

Ses expérimentations plastiques se traduisent par une interaction entre différents supports et matériaux, ainsi que par des réactions chimiques. L’organique occupe une place essentielle dans ses œuvres : présent au sein de ses compositions sous la forme de cellules colorées figées dans de la résine, il se reflète également dans ses peintures où le mélange d’encre et de colle provoque des représentations en relief. Elle réalise ainsi sans cesse de nouvelles combinaisons en faisant dialoguer des éléments sans vie (pierres, minéraux, papier, crânes, verre, plexiglas, …) avec des éléments issus du vivant tels que les graines ou les bactéries. 

Marion Catusse prend le parti de positionner le microscopique à l’échelle du visible et de mettre en lumière ce microcosme qui compose tout être vivant, sorte de modèle réduit de l’univers tout entier. L’artiste crée ainsi un complexe reliant l’infiniment petit et l’infiniment grand, le visible et l’invisible et appréhende le monde par les connexions pouvant exister entre les choses et les êtres, la vie et la mort.

Chaque pièce arbore une fragilité et une préciosité significatives d’une esthétisation de l’organique, mais aussi de la mort. Aux matériaux tels que le verre ou les minéraux viennent s’ajouter des crânes et ossements d’animaux que l’artiste a eu l’occasion de récupérer auprès du Muséum national d’Histoire naturelle. 

Ses Enfants perdus, qui tiennent leur nom de la place qu’ils occupent au sein des collections du musée, nous rappellent le lien existant entre la vie et la mort, sans en pointer du doigt la morosité. En associant aux crânes des graines ou des cellules en résine, l’artiste y réintègre du vivant et place ainsi la vie au cœur de son propos. Derniers vestiges des défunts, les ossements sont à la fois un rappel de la fugacité de l’existence mais aussi, dans de nombreuses croyances et mythes, une promesse de résurrection. L’artiste s’investit alors d’une mission créatrice d’un double point de vue : scientifique et artistique.

Visuel de présentation : Les enfants perdus, 2014. Crâne, encre, colle et résine, dimension variable. Courtesy Galerie Da-End Paris. © ADAGP.

Article publié initialement dans la revue Point contemporain #2 disponible ici : http://revuepointcontemporain.bigcartel.com/product/revue-point-contemporain-2

Pour en savoir plus sur l’artiste :