L. Camus-Govoroff, Χάος, κῆδος, Χρόνος (Kháos, kêdos, Chronos – Chaos, soin, Temps), 2023

L. Camus-Govoroff, Χάος, κῆδος, Χρόνος (Kháos, kêdos, Chronos – Chaos, soin, Temps), 2023

L. Camus-Govoroff – You Make me Safe, 2021, performance dans le cadre de l’exposition collective
Des soleils encore Verts, DOC! © Thomas Maestro

FOCUS / L. Camus-Govoroff, Χάος, κῆδος, Χρόνος (Kháos, kêdos, Chronos – Chaos, soin, Temps) (2023) dans le cadre de l’exposition Les Vagues, jusqu’au 1er juillet 2023, L’Onde Théâtre Centre d’Art, Vélizy-Villacoublay

Seuil

Le travail de L. Camus-Govoroff est intimement lié à la notion de « seuil » et à la question d’un entre-deux. Pour l’exposition Les Vagues, l’artiste nous donne à voir une porte, celle-ci marque catégoriquement, et par définition un passage, une ouverture vers un ailleurs qui nous laisse, nous fait demeurer dans un même espace tout en nous proposant de passer de l’autre côté.

Il est bien question ici de cette « autre côté du miroir », déjà évoqué plus littéralement dans The Rabbit Hole au Confort Moderne en 2022 mais aussi dans l’installation Stargate à Karlsruhe. Entre une arche et une porte : de fait la porte que nous présente L. pose un seuil. Le seuil, catégoriquement est le pas de la porte, c’est-à-dire un lieu qui ouvre et qui donne une autre topographie qui donne d’autre perspective à la fois au-dedans et un peu au dehors. On retrouve dans l’installation de L. Camus-Govoroff un système qui nous place dans le mouvement offrant au corps du visiteur un déplacement, à la fois dans notre esprit et dans l’espace de l’exposition lui-même. L’œuvre Χάος, κδος, Χρόνος « sépare sans séparer ». Intimement lié aux travaux de Marc Augé et à la réflexion de Michel Foucault, cette dernière résonne dans son statut transitif. « Il est le Passager par excellence, c’est-à-dire le prisonnier du passage (…) Son exclusion doit l’enclore ; s’il ne peut et ne doit avoir d’autre prison que lui-même, on le retient sur le lieu de passage. Il est mis à l’intérieur de l’extérieur, et inversement. » Ces mots de l’Histoire de la folie à l’âge classique (1961) sont utilisés par L. Camus-Govoroff pour raconter son projet et ils semblent nous placer, justement, dans l’encadrement de la porte, ni d’un côté, ni de l’autre.

De fait, le seuil, l’entre-deux, s’est souvent raconté dans l’histoire l’art à l’image de la porte en acier, dénuée de mur et qui invite le spectateur à prendre un chemin. Et nous repensons ici aux portes illustrées et dessinées qui nous demandent, pour un temps, d’observer ou de lire ce que le « seuil » doit nous dire. Rien de tel avec Χάος, κδος, Χρόνος. Il s’agit pour nous de rêver la nouvelle personne que nous serions une fois passer de l’autre côté et, de nouveau, de nous prendre pour Alice.

Léo Guy-Denarcy