DIANE GAIGNOUX, CE QUI RESTE

DIANE GAIGNOUX, CE QUI RESTE

Photo Motoki Nakatani

EN DIRECT / Exposition personnelle, Diane Gaignoux, Ce qui reste, jusqu’au 18 février 2023, Le Tetris, Le Havre

Ici il fait froid, ici tout est blanc. Le blanc de la lumière pure, la lumière qui n’a encore touché traversé altéré aucun corps. Là- bas, je vis dans le creux de cette peau, et de cette autre, et de cette autre. Dans leurs plis coulent les prairies, dans leurs plis les tsunamis. Leurs plaines encore vierges boivent les teintes duveteuses des ciels qui se succèdent, les aubes et les aurores, les crépuscules, les crépuscules. Là, dans l’heure dorée d’un désert, l’éclosion d’une jungle. Là, la racine magenta d’un fleuve qui d’abord fut rouge et dans l’écorce douce, dans l’écorce luisante, l’expérience engorgée d’un monde. Mes peaux s’usent d’avoir tant été traversées par la lumière, habitées par toutes ces mers, tous ces océans, tous ces océans tous ces embrasements, ces embrasements, ces incendies, je me réveille ici, dans l’absence de bruit. Et dans l’absence de bruits tous les bruits du monde, et dans les bruits du monde toutes les couleurs du monde, toute la chaleur du monde, toute la chaleur du monde. Ici il fait chaud, je suis la chaleur du monde. Jamais arrivée, je ne suis jamais partie. 

Léa Abaroa