THE NEGATIVE VERSION OF THE OFFICIAL VERSION OF THINGS

THE NEGATIVE VERSION OF THE OFFICIAL VERSION OF THINGS

Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole

EN DIRECT / Exposition The negative version of the official version of things
jusqu’au 19 juin 2021, Galerie Balice Hertling, Paris
Avec les œuvres de Lucas Arruda, Julie Beaufils, Morgan Courtois, Jacob Eisenmann, Kim Farkas, Nicolas Faubert, Rafik Greiss, Benjamin K Bertrand, Louise Lawler, Laura Owens, Mona Varichon

par Mathilde Cassan

« Être contemporain, c’est ne pas se laisser aveugler par les lumières du siècle mais voir aussi les parts d’ombre » Qu’est-ce que le contemporain ? Giorgio Agamben

Jusqu’au 19 juin, à la galerie Balice Hertling, la peintre Julie Beaufils propose The negative version of the official version of things, une exposition dont elle est commissaire. On connaissait la peintre pour ses expositions personnelles. Les tableaux de Julie Beaufils utilisent des techniques traditionnelles. Elle procède par succession de couches de peinture à l’huile hautement diluée pour donner un aspect brumeux et délavé à ses peintures. Elle peint des paysages mentaux aux tons vibrants. L’artiste réalise des toiles abstraites mais aussi des peintures figuratives comme la série présentée lors de l’exposition Cadors à la galerie Balice Hertling en 2016 qui représentait les aventures d’une bande d’adolescents fougueux. Ces scènes étaient reproduites à partir de captures d’écran Youtube. Avec ce commissariat d’exposition, elle poursuit ses propres recherches en explorant la face cachée de l’époque contemporaine.

The negative version of the official version of things rassemble onze artistes dont les propositions s’articulent autour de la notion d’ombre. Si l’époque actuelle propose certaines représentations, elle en oublie d’autres ou les dissimule volontairement. L’exposition cherche à révéler à travers des suggestions l’envers du décor et sa part d’ombre. Avec audace, l’exposition adresse la question de la contemporanéité hors des discours et des images préfabriqués. Qu’est-ce qu’être le contemporain d’un monde aux références mondialisées où prime l’importance des réseaux sociaux ? Mona Varichon reprend les images de la campagne Comptoir des cotonniers et la détourne pour représenter d’autres visages et d’autres familles que la publicité parisienne quand Lucas Arruda présente un croquis très coloré d’une créature mythologique de la forêt amazonienne. Malgré l’intention explicite de présenter les parts d’ombre propre au contemporain, l’exposition n’est pas sombre. Au contraire, la transparence de certaines pièces est étonnante. C’est le cas de la sculpture de Kim Farkas et de la récente toile de Julie Beaufils. Les couleurs délavées de la toile évoquent un monde à construire tandis que la présence de papier à brûler chez Kim Farkas invite directement à questionner la notion d’effacement. Ces images subversives semblent être constamment à reconstruire. Les œuvres habitent un témoignage de leur temps. Délavées, brulées, elles échappent volontairement au regard. Ainsi, Rafik Greiss présente une photographie prise durant la révolution égyptienne en 2011 sous-titrée en braille. Cet arrêt imposé par le braille interroge sur la visibilité des failles de l’époque contemporaine et son illisibilité dans le flot et le flou des images. Les gants disposés par Jacob Eisenmann, Vitriol, Blazon Beuh etRougon-Macquart Cowboy semblent questionner la possibilité d’un saisissement même du caractère officieux du présent qui s’échappe. Le domaine du visible et de l’invisible se reflètent dialectiquement dans l’ensemble des œuvres. Avec une humilité certaine, l’exposition n’hésite pas à adresser des questions d’ordre philosophique : comment faire témoignage de l’existence au présent ?

Dans ses peintures comme dans cette exposition, on retrouve un même intérêt pour un présent brumeux tapi d’émotions nourri par la culture Internet. Comment les arts visuels peuvent-ils se faire les passeurs d’une lecture, obscure et omise, de l’époque ? L’intention de rassembler ces artistes aux pratiques croisées autour de ce thème de l’obscur est une idée fort intéressante et propose une lecture historique et sociale du temps présent.

Mathilde Cassan

Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Mona Varichon, The negative version of the official version of things, Maya, Malak et Mona(Com 8 mères filles), 2019-2021, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Mona Varichon, The negative version of the official version of things, Maya, Malak et Mona(Com 8 mères filles), 2019-2021, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Vue d’exposition, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Kim Farkas, The negative version of the official version of things, Untitled, 2020, ourtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Kim Farkas, The negative version of the official version of things, Untitled, 2020, ourtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Untitled, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Julie Beaufils, The negative version of the official version of things, Untitled, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Lucas Arruda, The negative version of the official version of things, Untitled, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole
Lucas Arruda, The negative version of the official version of things, Untitled, Courtesy Galerie Balice Hertling, Paris. Image © Aurélien Mole