L’OEUVRE DE CHARLES BOURDETTE

L’OEUVRE DE CHARLES BOURDETTE

Charles Bourdette, Éther, 2020 60×50 cm. Acrylique sur toile

PORTRAIT D’ARTISTE / L’oeuvre de Charles Bourdette
par Ilaria Greta De Santis

La création spirituelle et non pas la démarche artistique, l’enracinement qui s’élance vers l’avenir, la transmission pédagogique des traditions perçues comme les clés qui ouvrent toujours des nouvelles portes.

C’est précisément à travers les portes d’une vieille armoire, sur lesquelles Charles Bourdette a réalisé Ébibiñ, une oeuvre saisissante représentant le visage humanisé d’une créature monstrueuse; que l’artiste nous introduit dans son univers, riche et foisonnant de références à la fois universelles et très intimistes, voir émouvantes.

Des éléments des récits mythologiques des Fang, un groupe ethnique bantou d’Afrique Centrale, dont l’objectif n’est pas celui de raconter l’histoire des dieux mais celle de l’Homme et des ancêtres qui sont, pour les vivants, des intermédiaires pour accéder au divin.
Il en est ainsi pour les tableaux, Ñingone et Kombè, représentant deux enfants, respectivement fille et garçon, qui font référence quant au style et aux proportions, aux statues reliquaires byeri fang. Leurs yeux, comme ceux de la plupart des figures de l’artiste, sont d’un blanc si fort que l’iris s’y noie.

Charles Bourdette, Ñingone, 2020 150x120 cm Acrylique sur toile
Charles Bourdette, Ñingone, 2020 150×120 cm Acrylique sur toile
Charles Bourdette, Ébibiñ, 2020 90x180 cm Acrylique sur bois
Charles Bourdette, Ébibiñ, 2020 90×180 cm Acrylique sur bois

L’aspect enfantin est d’ailleurs souligné par l’artiste, qui a l’intuition d’accorder une importance viscérale à l’enfance entendue comme un trésor à préserver pour accomplir, dans l’excellence, son humanité.

En tant qu’être pur, soit non dénaturé par la société et ses conventions, l’enfant se positionne comme plus proche à la nature, considérée comme un modèle. Ainsi, probablement un enfant ne lapiderait jamais un calao bicorne avec une Bible, comme le fait le personnage adulte du tableau Les tam-tams se sont tus. Cet oiseau emblématique de la mythologie africaine, est représenté par Charles Bourdette, comme le symbole de la culture propre à l’homme qui veut le tuer et, au contraire de celui-ci, comme l’incarnation de la sagesse.

En revanche, un autre oiseau réputé pour comprendre le « sens caché des mots », le perroquet, repose avec confiance sur l’épaule d’une fillette dans l’oeuvre La langue du perroquet c’est la langue des oiseaux.

Une attention particulière est également accordée par l’artiste aux codes de la géométrie sacrée, dont notre monde est empreint dès l’atome à la plus imposante des constructions humaines et qui se base sur le PHI, le nombre d’or régissant les proportions aussi bien des pétales d’une fleur que des cathédrales ou des pyramides. L’étude des formes créées par le divin afin d’apporter beauté et harmonie à ce qui nous entoure, pousse Charles Bourdette à inclure dans ses oeuvres, ces symboles géométriques de très haut niveau vibratoire.

Ainsi dans son oeuvre, Maronguè, les arcanes de l’anachorète, la figure centrale du sage présente une proportion précise des membres et, sur la poitrine, l’un des symboles les plus puissants de la géométrie sacrée, le Cube de Métatron réputé pour révéler les secrets les mieux gardés de l’univers et de sa création. Cela fait écho à la volonté de Charles Bourdette de chercher à comprendre à travers son travail artistique, la vérité universelle.

Dans cette quête il s’inspire aussi à la conception ayurvédique en représentant ainsi par exemple dans son oeuvre Éther, le premier des cinq éléments, l’essence du vide et du néant qui sera rempli par les autres quatre éléments. Le personnage féminin crée par Charles Bourdette, lévite dans l’air assise en position de lotus entourée d’un espace violet. Ce n’est pas un hasard. L’étude des couleurs est aussi importante pour l’artiste qui, dans son oeuvre, fait particulièrement attention aux couleurs de l’aura, et plus précisément de notre corps éthérique, le violet étant celui des ambitions spirituelles les plus importantes.

Charles Bourdette, Jeanne l'usurpatrice, 2020 151x130 cm Acrylique sur toile
Charles Bourdette, Jeanne l’usurpatrice, 2020 151×130 cm Acrylique sur toile

Qu’il s’agisse de mythologie égyptienne, comme dans le cas de Stèle sacrée de la forêt des abeilles, où une figuration nouvelle du mythe osirien nous est présentée, ou européenne dans Jeanne l’Usurpatrice, mettant en scène l’incroyable histoire de la « Papesse » des Tarots; Charles Bourdette crée un langage nouveau qui répond au besoin d’identité d’un peuple mais qui finalement nous redonne une identité universelle.

Les scènes de vie quotidienne, souvenirs de ce que le tout jeune Charles Bourdette a vécu lorsqu’il vivait au Gabon et sirotait serein un « Tropic » avec une galette dans les mains, comme son personnage dans l’Heure du gouter, sont des petits moments de bonheur que nous tous gardons au fond de notre âme pour toujours.

Comme les oeuvres de Charles Bourdette, qui à tous les égard, sont des briques, façonnées avec différents matériaux. Nous ne pouvons pas en ignorer le poids, mais sans elles nous ne pourrions pas espérer construire un futur.

Ilaria Greta De Santis

Charles Bourdette, Stèle sacrée de la forêt des abeilles, 2021 135x225 cm Acrylique sur toile
Charles Bourdette, Stèle sacrée de la forêt des abeilles, 2021 135×225 cm Acrylique sur toile
Photo par David Bourdette, 2021
Photo par David Bourdette, 2021
Photo par David Bourdette, 2021
Photo par David Bourdette, 2021