Daniel Steegmann Mangrané, Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière, Institut d’art contemporain, Villeurbanne

Daniel Steegmann Mangrané, Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière, Institut d’art contemporain, Villeurbanne

Vue de l’exposition Daniel Steegmann Mangrané,
Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière,
du 20 février au 28 avril 2019 à l’Institut d’art contemporain
Photo Teresa Estrada Ferrando

Présent à la biennale Mondes flottants en 2017 à Lyon, Daniel Steegmann Mangrané est mis à l’honneur dans une exposition personnelle, inédite en France, à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne.

Le titre de l’exposition rend hommage à Stela do Patrocínio et témoigne de la connaissance de l’artiste des enregistrements qu’a données la poétesse durant son internement psychiatrique. Un livret de ses strophes accompagne le visiteur durant sa déambulation au sein d’une installation labyrinthique. La découverte des jeux de clair-obscur émaille la visite. Des puits de lumière confectionnés à partir de l’architecture vitrée du bâtiment de l’IAC sont disséminés dans le parcours. L’artiste a réalisé l’exposition en prenant en compte la spécificité du lieu in situ. C’est pourquoi, afin de s’adapter à l’allongement progressif de la durée du jour, les heures d’ouverture de l’exposition changent jour après jour.

Au sein de l’enchevêtrement des cimaises, se heurter aux impasses et aux murs aveugles participe de l’expérience des contrastes entre le jour et la nuit. Sentiments d’enfermement et d’inconfort peuvent animer le visiteur qui se surprend à traquer les moindres recoins. Car Daniel Steegmann Mangrané parvient à placer le public dans une posture de quête, d’attente alors que l’expérience de la visite est déjà à l’oeuvre.

Arpenter les couloirs et remonter le fil de son propre itinéraire jusqu’à parvenir à la projection du film Phasmides constitue une étape. Le phasme suscite la fascination de l’artiste en raison de sa capacité à se fondre dans son milieu. Les effets de profondeur de champ miment l’illusion de la disparition du phasme parmi les branches. Au fil des plans, la dissolution du phasme dans son milieu apparaît comme étant la métaphore de la démarche du visiteur dans ce dédale. Le visiteur se mire dans Phasmides et y trouve le reflet de sa position. Il n’est plus le spectateur d’une oeuvre objet ; il expérimente consciemment son biotope, celui de l’espace de l’exposition performative dans lequel l’artiste nous immerge.

Le cheminement du visiteur devient une méditation incarnée qui invite à la contemplation desoi. Se dissoudre dans l’instant pour ne prendre ni forme, ni chair, ni matière. « J’étais gaz pur, air, espace vide, temps » a déclaré Stela do Patrocínio. Dans cette oeuvre, Daniel Steegmann Mangrané se questionne sur des couples thématiques tels que la nature et la culture, l’homme et l’animal, la raison et le mystique. Au fait de la crise traversée par l’anthropologie dans son approche des sociétés non occidentales, ses lectures de Philippe Descola et Bruno Latour autant que les influences de la cosmogonie amérindienne transparaissent dans sa démarche artistique. Il interroge notre condition humaine et nos modalités de définition de notre place au monde selon les cultures qui nous façonnent.

Texte de Lisa Leandri © 2019

Vue de l'exposition Daniel Steegmann Mangrané, Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière, du 20 février au 28 avril 2019 à l'Institut d'art contemporain © Teresa Estrada Ferrando
Vue de l’exposition Daniel Steegmann Mangrané,
Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière,
du 20 février au 28 avril 2019 à l’Institut d’art contemporain
Photo Teresa Estrada Ferrando
Vue de l'exposition Daniel Steegmann Mangrané, Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière, du 20 février au 28 avril 2019 à l'Institut d'art contemporain © Teresa Estrada Ferrando
Vue de l’exposition Daniel Steegmann Mangrané,
Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière,
du 20 février au 28 avril 2019 à l’Institut d’art contemporain Photo Teresa Estrada Ferrando
Vue de l'exposition Daniel Steegmann Mangrané, Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière, du 20 février au 28 avril 2019 à l'Institut d'art contemporain © Teresa Estrada Ferrando
Vue de l’exposition Daniel Steegmann Mangrané, Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière, du 20 février au 28 avril 2019 à l’Institut d’art contemporain Photo Teresa Estrada Ferrando

Daniel Steegmann Mangrané
Né en 1977 en Espagne
Vit et travaille actuellement à Rio de Janeiro au Brésil
www.danielsteegmann.info

Actualités :http://i-ac.eu/fr/expositions/24_in-situ/2019/499_DANIEL-STEEGMANN-MANGRANE