AUGUSTINE KOFIE, UNDERCURRENTS
Photo © Alain Smilo – Courtesy Chenus Longhi
EN DIRECT / Exposition personnelle « Undercurrents », Augustine Kofie jusqu’au 1er juillet 2023, Galerie Chenus Longhi, Paris
L’artiste californien Augustine Kofie revient à Paris pour sa cinquième exposition avec la galerie Chenus Longhi. « Undercurrents » marque les dix ans de la collaboration avec l’artiste de Los Angeles et la galerie. En effet, c’est en 2013 que s’est tenue la toute première exposition d’Augustine Kofie en Europe à l’occasion d’un cycle ambitieux sur le Graffuturism, une exposition immédiatement auréolée de succès. Dix ans on peut admirer le chemin parcouru par le peintre abstrait américain qui a construit une solide carrière entre les Etats-Unis et l’Europe et dont le travail continue d’évoluer vers une maturité formelle et esthétique. Augustine Kofie a ainsi réalisé pour l’exposition « Undercurrents » un sublime ensemble de toutes nouvelles peintures sur toile et sur papier marqués par le retour à la lumière et la clarté.
« Dans Undercurrents, Augustine Kofie explore la relation entre clarté et obscurité, entre géométrie et souplesse des formes, entre les pleins et les vides, tout en jouant avec le concept de nuances à la fois sur le plan musical et visuel. Ce nouveau corpus d’œuvres marque un retour de l’artiste californien à des couleurs plus claires qui ont été à la base de son travail pendant de nombreuses années, associé à son concept de California Soul. Cette palette plus claire et lumineuse émerge comme un mouvement sous-jacent dans cet ensemble, une sorte de marée qui remonte à la surface. “Ce sont des couleurs timides, juste des touches, sans aucune saturation. Je les pose comme du maquillage », explique Kofie. « Vous savez quand vos joues rougissent progressivement ?”. Cet adoucissement des tons s’accompagne de la même approche envers la composition et d’un accent mis sur l’espace négatif. Les formes plus dures et masculines sont toujours présentes, mais elles semblent désormais suspendues dans l’espace, en partie obscurcies et perdues dans la brume. Techniquement, ce résultat est obtenu grâce à deux techniques complémentaires : l’overspray, qui consiste à projeter de la peinture avec une bombe aérosol à la manière de fins crachotis, et une technique itérative par laquelle Kofie coupe ou supprime des formes existantes, les remplaçant par des champs de couleur plus claire. Il s’agit d’un processus intuitif rendu possible par des années de travail avec ces mêmes outils et par la notion de palimpseste, posant la peinture sur la toile par succession de couches. “Lorsque je travaille de cette manière et que je suis dans le lâcher prise, des éléments que je n’aurais pas pu prévoir et dont je ne soupçonnais pas même l’existence se révèlent.” »
Ruti Talmor, Professeur agrégé en études des médias au Pitzer College (Claremont Colleges, Californie)
