Arthur Tiar, Passe-Temps

Arthur Tiar, Passe-Temps

Né à Paris en 1988 et diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2016, Arthur Tiar inaugure le Faubourg des Jeunes Artistes (FJA), le nouveau projet de la Galerie Le Feuvre & Roze au 178 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris.

Comment a évolué ta recherche au cours de tes années d’études aux Beaux-Arts de Paris ?

Les Beaux-Arts, c’est un espace-temps un peu particulier, qui offre la possibilité de se perdre.

Je me suis aventuré dans des territoires que je n’aurais jamais explorés autrement, la sculpture, le béton, la mosaïque, et d’autres choses. Cela m’a un peu éloigné de mes médias de base, le dessin, la peinture, la photo et les outils numériques. C’est une chance, je vois ces années comme une parenthèse d’enrichissement, qui m’a permis de m’ouvrir et de nourrir de nouvelles questions. Il y a tellement de moments où le monde semble étroit, où peu de chemins semblent s’ouvrir à nous ; alors être dans un lieu qui nous permet de nous perdre, ça devient tout de suite intéressant, luxueux même. Et c’est plutôt une joie, puisque de toute façon nous n’avons pas beaucoup mieux à faire. J’ai parfois eu l’impression de m’y ennuyer, mais quand l’école se termine, le temps s’accélère de nouveau et c’est alors que tous les chemins explorés deviennent utiles pour pouvoir réagir. Je ne sais donc pas vraiment comment ma recherche a évolué, mais je sais qu’elle a fait des détours utiles.

Comment décrirais-tu ton travail de peinture, tes influences et que cherches-tu à exprimerà travers ce médium ?

Quel que soit le médium que j’utilise, je l’envisage surtout comme un outil. Cela m’est donc difficile de décrire mon travail de peinture en général, dans la mesure où il peut énormément varier selon le projet ou la question qu’il supporte.

Pour parler plus précisément de l’exposition On est bien seul, les peintures sont toutes extraites de la série que j’appelle les Passe-temps, entamée en 2015, et que je continue toujours, aujourd’hui, en parallèle d’autres projets. Elles se déclinent sous différents formats et couleurs. Elles rencontrent ici une série de photos, il y a la mer, le désert et des montagnes, réalisées à l’iPhone à travers un projecteur de diapositives.

Pour la petite histoire, au départ de ce travail de peinture, il y a les carnets de mots-mêlés que remplissait ma grand-mère, victime de la maladie d’Alzheimer. J’ai trouvé les petites images que constituaient les grilles barrées très belles, et surtout, je me suis demandé ce qu’elle voyait mentalement quand elle trouvait un mot. Ces jeux, ce sont des passe-temps.

Le tableau devient le témoin de l’activité, du temps qui est passé entre la grille de mots vierge et son recouvrement.

Arthur Tiar

Je suis fasciné par le fait de faire apparaître des mots par une rature. Dans ce jeu, les mots sont là, ils attendent d’être révélés. Et d’une certaine manière, c’est la révélation des mots qui révèle l’image. L’image que l’on voit naît des mots. Mais plus les mots se révèlent, plus il y a de lignes, et moins ils sont lisibles. L’excès de mots fait qu’on les perd à nouveau.

Quand on découvre un mot et qu’on le barre, on ouvre une image. Un mot lu provoque une image mentale générée par le sens du mot. Cette image est bien sûr différente selon celui qui lit le mot. L’image présente du tableau est comme une image de toutes les images. Une image abstraite, ou ce qu’il y a à voir ne serait pas là. Les mots-mêlés sont comme un accès à l’inconscient, une transposition de “l’autre scène”, l’intérieur, dans l’espace publique, le tableau.

Le Je se raconte sur la toile par le jeu.

Arthur Tiar

Bien sûr, ce sont là surtout mes motivations et ce que je cherche, et je pourrais aussi parler des couleurs ou des lettres. Mais au final, il reste les peintures, telles qu’elles sont, et j’aime l’idée de les abandonner aux regards des autres, comme lorsque je suis tombé sur les fameux carnets.

Concernant mes influences, c’est la aussi une question bien vaste, tant elles sont d’horizons multiples. Pour en évoquer quelques unes du champ de la peinture, j’ai beaucoup regardé les américains, comme Kosuth, Sol Lewitt, et bien sur Jasper Johns ou Rauschenberg. Beaucoup d’artistes m’intéressent, mais je m’intéresse surtout à la liberté de faire des choses.

Qu’est-ce qui a motivé ta participation au Faubourg des Jeunes Artistes ?

Lorsque Franck et Jonathan m’ont contacté, je n’ai pas mis longtemps à me décider. Je travaille sur cette série de peintures depuis un moment, je suis content de pouvoir en montrer quelques unes. D’autant que je n’avais jamais eu d’exposition personnelle en galerie à Paris. On fait de l’art pour se confronter au public, je n’avais donc aucune raison de refuser !

Propos d’Arthur Tiar receuillis par Valérie Toubas et Daniel Guionnet © 2019 Point contemporain

Vue d’exposition On est bien seul Galerie Faubourg des Jeunes Artistes (FJA) Paris
Arthur Tiar, série, il y a la mer, le désert et des montagnes.
Vue d’exposition On est bien seul Galerie Faubourg des Jeunes Artistes (FJA) Paris
Vue d’exposition On est bien seul Galerie Faubourg des Jeunes Artistes (FJA) Paris

Pour suivre la programmation de la Galerie Faubourg des Jeunes Artistes : www.agenda-pointcontemporain.com/tag/fja/

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